De la blouse blanche aux tissus du monde : comment j’ai trouvé un nouveau souffle grâce à la couture
Pendant plus de 32 ans, j’ai exercé un métier que j’aimais profondément : celui de soignante, dans un grand centre hospitalier universitaire. J’ai accompagné des patients, soutenu des familles, traversé les jours de tempête et ceux de lumière. Mais avec les années, les choses ont changé. Les conditions se sont durcies, l’humain a parfois cédé sa place à la gestion, et moi, j’ai commencé à m’étioler doucement.
En 2005, déjà, un autre souffle m’avait traversée : celui du voyage. Avec mon mari, nous avons commencé à barouder. Et très vite, j’ai été contaminée – pas par un virus médical – mais par celui des textiles traditionnels. Chaque pays, chaque région rencontrée avait son tissu, son histoire, ses motifs chargés de symboles. Je rapportais des mètres et des kilos de tissus, comme d’autres ramènent des souvenirs. C’était sans le savoir, les premiers fils de ma deuxième vie.
En 2014, après un burn-out, tout s’est arrêté brutalement. J’ai dû me retrouver, ou peut-être me découvrir. Un jour, en fouillant dans mes placards, je suis tombée sur ces tissus que j’avais tant aimés… Et j’ai décidé de leur redonner vie. Une petite pochette, puis un sac cabas, et de fil en aiguille (au sens propre comme au figuré), la couture est devenue mon refuge, mon espace de création, de réparation.
Portée par le soutien de mes proches – ma famille, mes amis, mes collègues – j’ai cousu, cousu, cousu. Et surtout, je me suis sentie bien.
Après le choc du Covid, en 2021, j’ai enfin osé sauter le pas. J’ai créé ma petite entreprise de sacs et accessoires éthiques, avec une envie simple : valoriser le fait main, transmettre les histoires et les cultures que j’ai croisées en voyage, faire dialoguer les traditions textiles du monde avec la modernité de notre quotidien.
Aujourd’hui, je crée des pièces uniques, pleines d’âme et de couleurs, pour des femmes sensibles au beau, à l’authentique, à l’engagé. Chaque sac, chaque cousette est une passerelle entre deux mondes : celui que j’ai quitté, et celui que je me construis avec passion.